les tsingys
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Créé par fanantenanaespoir le 19 oct 2012 | Dans : les tsingys
1er jour
Quand nous arrivions en taxi-brousse à la gare routière d’Antsirabe, à peine sortis du bus, une dizaine de personnes nous bousculent. Chacune veut nous entraîner vers son pousse-pousse. Nous déclinons toutes les offres. Maurice a horreur d’utiliser l’homme en tant que traction animale.
Le centre ville est assez loin et aucun taxi voiture dans le coin. Les personnes autour de nous, nous interpellent, nous tiraillent pour nous faire comprendre que c’est dimanche aujourd’hui les taxis ne travaillent pas, seuls les pousse-pousse sont disponibles. La chance nous sourit à une dizaine de mètres une 4L beige s’arrête.
Vite il faut demander le chauffeur s’il veut nous emmener. A notre surprise c’est une sœur qui est au volant, nous nous présentons et c’est avec plaisir qu’elle nous conduit à la maison d’accueil de l’église catholique romaine du diocèse d’Antsirabe le Diantan’Hôtel, elle-même fait partie d’une congrégation religieuse voisine les sœurs de la Sainte Croix.
Au Diantan’Hôtel après avoir pris une douche rafraîchissante, nous rencontrons notre guide Iholy et le chauffeur Edi pour arrêter les formalités de notre expédition vers les Tsingys. Pendant plus de 2h nous discutons du coût ,et de la prestation. Edi devra descendre à Belo à vide avec son 4X4, la descente du fleuve en pirogue, 150 km durera 4 jours, 2 jours pour visiter les Tsingys, 2 jours pour découvrir les baobabs à Morondava, 1 jour pour remonter. Tout est mis par écrit sur un contrat signé par tous.
2e jour
Au matin avec Iholy nous allons faire les achats en ville. Antsirabe est situé au cœur d’une région très agricole, on y trouve tous les fruits et agrumes. Nous achetons du riz, carottes, oignons, poissons séchés, citron, gâteaux secs, boissons…
Edi vient nous chercher avec le 4X4 bleu et nous partons vers Miandrivazo.
Plus nous roulons vers le Sud Ouest plus le paysage s’assèche et bientôt me fait penser à la croûte lunaire avec les couleurs allant du jaune paille des herbes et le rouge sang de la latérite.
Nous faisons halte au restaurant bar « Baobabs ». Iholy nous recommande de boire une bière THB pendant qu’elle s’occupe des formalités auprès de la police pour descendre le fleuve.
L’attente se fait longue, nous découvrons le rythme de l’administration malgache. Chaque chose en son temps et du temps pour chaque chose « mora, mora ». Les gendarmes sont allés manger, puis feront une sieste !
Pour chasser l’ennui, nous allons faire un tour au marché. Maurice déniche un beau chapeau.
15h . Enfin nous rejoignons l’embarcadère. Une grande pirogue en palissandre nous attend au bas de quelques marches. Des femmes y font la grande lessive et une ribambelle d’enfants nous regardent.
Nous faisons la connaissance de notre piroguier, Paul, un jeune gaillard de 18 ans, et du cuisinier tout aussi jeune Tom.
Nos provisions sont déjà rangés judicieusement dans la barque, on nous donne un carré de mousse qu’il faut mettre sous les fesses, les sacs à dos serviront de dossier. Nous sommes prêts.
Mais Paul est en discussion avec le responsable de l’embarcadère, le vieil homme lui conseille de ne pas partir, un orage menace à l’horizon. Les palabres durent, durent…
16h , Nous voilà partis. Le fleuve est très large, l’eau est opaque, voir brune. Iholy nous dit « nous allons essayer d’aller le plus loin possible avant l’orage.
18h, L’orage éclate. Nous nous battons avec le vent pour monter nos tentes sur un banc de sable. La pluie tombe drue, les éclairs sillonnent le ciel. Vers 23h Iholy nous apporte un rizotto succulent. Comment a-t-elle fait pour cuisiner sous la pluie ?
3e jour
Tôt le matin nous prenons notre petit déjeuner, gâteaux secs et café. Paul et Tom chargent la pirogue. Guy veut les aider, il soulève le couvercle d’une cocotte, surprise un poulet s’en échappe, nous lui courons tous après pour le rattraper.
La pirogue glisse sur le fleuve, plutôt serpente car il faut éviter de heurter les bancs de sable. C’est la saison sèche et le Mahajelo n’a pas beaucoup d’eau. Souvent nous devons mettre pieds à terre et pousser la pirogue.
Nous découvrons le long de l’eau, la vie du peuple du fleuve. C’est grâce à cette voie fluviale que les villages sont ravitaillés. Nous croisons d’autres piroguiers qui remontent le fleuve à vide en s’appuyant sur une perche pour avancer.
A midi nous faisons halte sous un gigantesque manguier. Tout de suite nous sommes entourés par un groupe de personnes. Le chef du village nous présente un jeune homme avec une épaisse croûte de boue sur la tête. Il nous explique que celui-ci s’est blessé en tombant d’un manguier et qu’il souffre beaucoup, il nous demande si nous avions un remède miracle. Maurice lui donne un antiseptique, c’est tout ce que nous avions dans nos sacs à dos. De toute façon n’ayant aucune compétence médicale il fallait surtout ne pas donner n’importe quoi.
Nous repartons, notre pirogue est entourée de jacinthes d’eau. Iholy nous explique que cette belle fleur est envahissante, un véritable fléau pour la navigation.
Le soleil décline et fait contraster la couleur rouge de la terre avec le bleu gris de l’eau.
Soudain nous entendons une musique, des chants malgaches, nous approchons de notre prochaine halte pour dormir. Demain nous quitterons le Mahajelo pour rejoindre le Tsiribina.
4e jour
Bercés par les coups de pagaies nous avançons dans notre aventure. Paul et Tom nous font la sérénade. Sur le bord de l’eau nous apercevons quelques huttes et sur les espaces humides laissés libres par le fleuve les paysans cultivent le riz. Une aigrette se pose sur un arbuste, et plus loin un héron gris sèche ses ailes et d’autres oiseaux que nous ne connaissons pas se nichent sur cette petite île éphémère de jacinthes d’eau.
Nous nous arrêtons pour midi dans un village. Une dizaine d’enfants nous souhaitent la bienvenue. « Veloma, comment t’appelles tu ?, nous leur distribuons quelques savonnettes, du dentifrice, des petits flacons de parfum, des stylos, leur joie est immense. Un énorme zébu vient également nous saluer.
La prochaine étape est la cascade d’Anosinapela. C‘est une piscine naturelle d’eau douce on peut s’y rafraîchir et c’est que nous faisons avec plaisir car aujourd’hui plus que les autres jours le soleil est vraiment torride et l’air est lourd.
Après une pause d’une heure nous voilà repartis sur le fleuve mais au bout d’un quart d’heure le vent s’est levé, des vagues de plus en plus fortes commencent à balancer notre pirogue. Iholy nous conseille d’accoster et de rejoindre à pied le prochain campement qui n’est plus très loin. Paul et Tom nous y rejoindront
5e jour
Nous avons pris du retard. Iholy se débrouille pour nous trouver un bateau plus rapide. Au matin, un canot moteur des gendarmes est mis à notre disposition.
Malheureusement il fallait réparer le moteur avant de partir.
3h plus tard, le moteur était démonté, nettoyé, remonté, ouf !
Nous glissons au bas de gigantesques falaises hautes de 50 m où se cachent les chauves souris géantes.
Sur berges les branches, et racines des restes de la forêt primaire viennent se mirer dans l’eau.
Souvent le moteur de canot tousse et s’arrête, grâce à la débrouillardise du gendarme il arrive quand même à repartir. Avec beaucoup de peine nous arrivons au village Antanambao où un char à zébus nous attend.
Pendant près d’1h nous sommes secoués, cahotés sur des sentiers au milles trous jusqu’à un gué que nous devons traverser à pied. L’eau est sombre, opaque, courageux nous retroussons nos pantalons et traversons en espérant qu’aucun crocodile ne se trouve dans les parages.
La nuit tombe déjà, Edi nous attend à Antsiraraka avec le 4X4 bleu. Il faut faire vite pour rejoindre Bekopaka et emprunter le dernier bac pour traverser le fleuve Manambolo . Il nous reste 3h de piste inconfortable à faire, heureusement Edi la connaît par coeur.
21h Nous sommes arrivés à bon port. Dans le noir, éclairés par nos lampes frontales nous montons nos tentes et sans tarder nous allons dormir dans nos duvets.
6e jour
Nous faisons connaissance avec notre guide des Tsingy, André.
Les Tsingy, « marcher sur la pointe des pieds » sont des massifs résultant de milliers d’années d’accumulation de fossiles, coraux et coquillages au fond de la mer. Après le retrait de la mer dans cette partie de Madagascar, c’est l’érosion qui a façonné les pics et crée ce lieu unique au monde.
Nous choisissons le circuit RANOTSARA: pour découvrir pendant 3h cette forêt minérale. Mais avant d’y pénétrer il nous faut mettre des baudriers.
Le site est entièrement aménagé, mais la progression entre les rochers se fait de plus en plus difficilement. Des filins accrochés en plusieurs points permettent d’assurer notre sécurité.
Arrivés tout en haut, une vue saisissante, un magnifique panorama s’offre à nous, le « toit des Tsingy » !des millions de roches effilées et tranchantes telles des lames de rasoir s’étalent à perte de vue devant nous.
Sur la suite du parcours, nous avons rencontré un pont suspendu, des échelles plusieurs passages dans d’étroites grottes, Maurice doit enlever son sac à dos pour pouvoir y passer. André est chaussé de tongs comment fait il pour ne pas se blesser ? Un boa caché dans une crevasse nous oblige à faire un détour.
Nous restons deux jours dans le campement.
8e jour
Nous quittons le campement tôt pour prendre le bac, il faut parfois attendre un bon moment les opérations d’embarquement sont délicates. Pendant qu’Edi prend avec le 4X4 dans la file d’attente, nous allons déjeuner au restaurant Mad Zebus à Belo sur Tsiribina . nous y dégustons des brochettes de viande de zébus succulentes accompagnés de petits légumes et d’achards aux mangues.
La traversée du fleuve est calme et dure une bonne demi-heure
Puis nous reprenons la piste rouge chaotique vers Morondava. Nous arrivons à l’hôtel, de jolis bungalows bien confortables au bord de la mer. Nous nous dépêchons de prendre une bonne douche ce soir nous allons faire la fête au Baobab café.
9e jour
Nous allons rendre visite à tous les baobabs de la région. L’allée des baobabs est composée d’une quinzaine de baobabs sur une centaine de mètre. Le soleil se lève à l’horizon et teinte de rouge ces arbres magnifiques, le paysage et les couleurs deviennent féeriques. De nombreux enfants sont déjà là pour quémander des bonbons, gâteaux, argent, nous leur donnons quelques stylos.
Ces arbres sont fabuleux, la légende raconte que si leurs branches ressemblent à des racines, c’est parce que les dieux les ont arrachés de terre pour les replanter à l’envers pour les punir de leur orgueil et d’avoir pousser aussi gros et haut et surtout d’avoir une si grande longévité 2000 ans 5000 ans et plus encore.
6km plus loin nous nous étonnons devant deux baobabs qui s’enlacent et Iholy nous récite ce poème malgache :
« La lumière a fait de nous des esclaves de l’amour. Pour te serrer contre moi deux bras ne suffisent pas .Pour grandir auprès de toi, j’ai caressé de mes mains les rayons chauds du matin. Tant de pages se sont tournées sous le soleil et la pluie, parfois dans l’inconfort des journées sombres. Parfois au contraire la douceur du moment crée le bonheur et l’espoir. Nos fleurs époustouflantes s’épanouissent et donnent de magnifiques fruits. La sérénade du vent et la beauté de ses chants chaque jour nous rapprochent. On s’aime et on grandit ensemble. »
Puis nous sommes allés un peu plus loin sur la piste de Belo et là nous avons trouvé le Baobab sacré si large qu’il faut neuf personnes se donnant la main pour en faire le tour. Nous y laissons trois offrandes et en notre intérieur formulons un vœu.
10e jour
Le retour vers Antsirabe. Une excursion fatigante car les routes ont été détruites par les différents cyclones et rien n’a été réparé. Edi est un bon chauffeur, et essaye au maximum de nous secouer le moins possible, Maurice et Guy on heurté plusieurs la tête au plafond du 4×4, nous roulons doucement, il faudra toute la journée pour arrivé à Antsirabe.
recit de Raymonde et de Maurice